Maman part demain matin pour voir papa dans sa chambre d'hôpital sordide. Avec ces infirmières qui ne cessent jamais de courir et ces médecins qui ne vous écoutent pas. Avec cette angoisse qui rôde dans les couloirs et qui assaille tous et chacun. Avec cette peine et ces pleurs, ses cris ou ces silences, ces gens qui essaient désesperement de réconforter leurs amis noyés dans la tristesse et les regrets. Ou cette simple odeur écoeurante qui réside à certains étages. Demain matin, je me lèverai pour garder G., je lui ferai son petit déjeuner qu'il ne mangera pas, je l'endormirai pendant qu'il pleurera parce que maman n'est pas là et que papa est malade.
En ce moment, la deuxième cause de mes souçis est en train de baiser et de rebaiser la même fille dans une chambre d'hôtel, fier d'être un homme. Assouvissant un besoin et redécouvrant ce qu'il avait momentanément oublier. Il ressortira fier, la sensation d'être plus vieux et plus mature. Je serai encore plus jeune et encore plus inexpérimentée à ses yeux. Il regrettera de m'avoir demandé de venir pour ce concert de classique qui lui paraîtra stupide. Je traîne les pieds dans les cailloux et les serpents de la grande allée toute vide et toute noire.
Ecrire ne me vide plus, mais l'envie persiste. J'ai perdu l'équivalent de cinq pages d'écriture et je rage. J'appelle et je rappelle S. qui ne me répond pas. Les champs ont été rasés et même la tristesse perd sa poésie. Tout est sale et moche, tout est vieux et con.
Et je n'ose pas ajouter autre chose, ton article m'ayant carrément bouleversée...